Dans cette fiction, les faits sont réels. L’auteur suit cette loi romanesque à la lettre, moins pour se sacrifier à une tradition que pour revisiter la mémoire d’une guerre et ses effets dévastateurs sur les peuples des Balkans, à travers le destin d’une famille, et notamment de leur fille Emina. Cette dernière, pour fuir la guerre, se réfugie auprès de sa tante et attend le retour de son père, parti au front, et de sa mère. Tout le roman est construit autour de cette attente fébrile et angoissante au cours de laquelle se profilent les souvenirs d’un amour heureux entre ses parents, et les images d’un immense bonheur de la mère Yllka qui prépare le café, « l’avant-bras tendu vers la petite casserole de cuivre sur le feu (…) une parcelle d’image répétée à l’infini, suspendue au-dessus du vide ».