Slim est un jeune footballeur plein de talent et de virtuosité. Il incarne aux yeux de tout le monde l’espoir de son équipe tunisoise et les promesses du team national. Mais les qualités exceptionnelles de ce joueur n’ont pas manqué de nourrir la jalousie et le ressentiment de quelques esprits malveillants. C’est ainsi qu’à la suite d’un jeu violent et délibérément agressif, Slim quitte définitivement et pour toujours le terrain de football. Il se convertit alors en entraîneur. Sa carrière de coach sera ponctuée de moments riches de formation et de consécration. De l’Angleterre où il a fait ses études, en passant par un pays de l’Afrique sub-saharienne où il a présidé aux destinées de son équipe nationale, avant de regagner la Tunisie à la tête d’un grand club tunisois, Slim voit tout lui sourire et réussir. Donc hormis sa blessure initiale promptement oubliée, Slim ne rencontre aucun problème sérieux pour pouvoir s’imposer, devant nous, comme un personnage problématique et par conséquent digne de figurer dans un roman.   

           Peut-être que le projet de Jamel Ghanouchi ne serait pas d’ordre romanesque ou littéraire, mais plutôt sociologique : brosser un tableau des us et des mœurs du monde du football en Tunisie et ailleurs,  à travers l’itinéraire d’un joueur hissé au rang d’un brillant entraîneur. Mais là aussi, le pari de l’auteur n’est pas gagné non plus, car nous n’avons de cet univers à la fois passionnant et cruel qu’une vision fragmentée et distante.

              Alors quel est le sujet de ce texte ? On se pose cette question parce que les éléments réunis ici ne constituent pas une matière suffisante pour créer un univers romanesque ou une problématique pertinente d’un essai sur le monde du football. Et pour cause : la composition du personnage de Slim n’obéit pas à une articulation cohérente. On voit mal le rapport entre la carrière brisée de Slim et la longue dissertation sur la nature du couple que forment ses parents (un père à la peau noire, parce qu’il est d’origine soudanaise et une mère bourgeoise, au teint immaculé et descendante d’un officier turque du bey), ou encore le rapport entre son itinéraire professionnel et sa vie intime ou conjugale ; ni encore le lien, sinon l’articulation éthique,  entre les différents épisodes évoquant le destin de Béchir, le joueur malentendant, et celui de Hichem, le joueur escroc. Le récit est ici ponctué d’ellipses malheureuses qui n’ont d’égales que les connotations insolites charriées par le titre, Oulid’ha, un vocable emprunté au dialecte familier tunisien et qui signifie, un as dans son domaine,  un virtuose. Toutefois, le mérite de ce texte est qu’il a introduit pour la première fois dans la production littéraire locale le thème du sport et du foot. 

Mis à jour ( Lundi, 06 Avril 2009 13:10 )