Reporters sans frontières, Tunisie, le livre noir, préface de Gilles Perrault, Postface inédite (2011) de Jean-François Julliard, secrétaire général de Reporters sans frontières. Editeurs :Med Ali Hammi Editions(ISBN: 978-9973-08-607-5); R.M.S Editions(ISBN978-9973-33-314-8 ) et Editions la Découverte(ISBN : 978-2707-13-791-3 ). Prix : 10,000 D.T.

 

Ce livre est un ensemble de documents réunis par Reporters sans frontières et « interdit de vente sur le sol tunisien pendant des années » sous le règne de Ben Ali.C’est grâce au « printemps arabe » que la presse a connu l’ère de liberté  que l’on vit actuellement  rendant ainsi aux journalistes et aux citoyens le droit à la parole.

Ces documents racontent  en fait les violations commises sous le règne de Ben Ali : torture institutionnalisée, intimidations répétées des opposants, presse surveillée, justice corrompue, harcèlements, disparitions sans suite et morts suspectes : il s’agit là de toute « la litanie d’un régime despotique ». Cet ouvrage est donc un réquisitoire contre l’ex- président. Reporters sans frontières y lève le voile sur la face sombre et meurtrière de ce despote, laissant apparaître en filigrane sa pratique d’ « un terrorisme d’Etat ».

 

 

 

En effet, sur près de 185 pages, ce livre dénonce et incrimine les pleins pouvoirs de l’ex- président et de ses sbires qui ont mis de ce fait le pays sous le joug de la peur et du chaos. Dates, noms, enquêtes, persécutions, agressions physiques et morales. Bref, tous ces détails nous font revivre la descente aux enfers qu’on dû subir les opposants, les exilés et leurs familles. C’est aussi un témoignage historique de première main sur cette période sombre de la Tunisie.  L’ouvrage est  émouvant, révoltant, choquant, mais surtout édifiant.

 

 

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Fethia Brouri, Faits Divers (recueil de nouvelles), Tunis 2012, 64 pages.I.S.B.N 978-9938-05-109-4, prix : 7,000 dt, choix et traitement d’images : Bayrem Tounsi.

Faits Divers est un recueil de courtes nouvelles de l’auteure tunisienne Fethia Brouri, édité en 2012. Ces huit nouvelles tirées de faits réels occupent les 64 pages du livre. Dans un style épuré et une écriture simple, Brouri nous met en présence de personnages qui évoluent dans des intrigues aux thèmes à la fois universels et puisés dans la vie quotidienne : escroquerie, soulèvement de grévistes, emprisonnement… Le texte s’accompagne de photos choisies par Bayrem Tounsi et représentant souvent le cadre du récit : le collège El Mourouj, le théâtre municipal de la ville de Tunis, une photo de grévistes, etc.…

Ayant un même schéma narratif relativement simple et un dénouement heureux, ces nouvelles s’apparentent plutôt à nos contes populaires et ont une fonction morale que le lecteur peut saisir au terme de l’histoire.

A l’image de la rubrique « Faits divers » que l’on retrouve dans les journaux, ce recueil mêle avec brio histoire et plaisir de lire. Ces textes courts sont le récit de Monsieur et Madame Tout le monde au prix très abordable de sept dinars tunisiens. Mais ils n’ont pas de rapport direct avec l’évènement de la Révolution hormis peut-être quelques photos introduites pour la promotion publicitaire du livre.

 

 

 

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Dhafer Al-Amine, Le printemps arabe : entre le mythe et la réalité, Tunis 2012, 71 pages.I-S-B-N 978-9973-02-979-9, prix : 5,000 dt, couverture de Zili Karim.

« Le printemps arabe »…titre évocateur du soulèvement qui a conduit la population tunisienne en janvier 2011 à renverser un gouvernement despotique  et son ex-président Zin El Abidine Ben Ali. L’œuvre de Dhafer Al-Amine est un condensé de réflexions analytiques personnelles à propos des évènements sociopolitiques, près de trois ans après le début du « printemps arabe ». Ces mouvements populaires, locaux au départ, se sont étendus et ont touché d’autres pays arabes : Egypte, Lybie, Syrie et Yémen, faisant du « printemps arabe », une « hécatombe arabe ».

En rappelant Les grands moments de ces agitations spectaculaires, Dhafer Al Amine replonge le lecteur dans ce passé récent et douloureux. L’ouvrage, qui  se présente comme un bilan de la « révolution tunisienne »,tente d’apporter des réponses aux questions encore en suspens et de jeter la lumière sur certaines circonstances passées sous silence jusqu’ici. Noms, lieux, enquêtes, tout y est  ou presque. De nombreux petits détails y sont également évoqués et rien, sur ce plan,  n’est laissé au hasard. On surenchérissait sur  le pouvoir, on achetait le peuple  à coups de promesses fallacieuses et le chaos sévissait dans les rues : vols, pillages, braquages, émeutes violentes et de nombreuse pertes humaines.

 

Ce Printemps arabe… n’est pas un ouvrage d’histoire. C’est plutôt un livre  de mémoire dans lequel l’auteur est fortement engagé intellectuellement et affectivement. Dhafer Al Amine y cherche moins à nous convaincre de ses idées et positions qu’à nous inciter à les découvrir pour les discuter : « Mes interprétations, précise-t-il,  ne sont pas exhaustives, elles sont formulées pour être critiquées, complétées, remaniées ».

Mis à jour ( Vendredi, 18 Octobre 2013 22:46 )