Notes de lecture
Salam Gaza
Tahar Bekri, Salam Gaza, (carnets), Tunis, Elyzad, 2010. « Dans les bras de la lumière
Et la beauté du monde En dépit du plomb durci A la barbe des sanguinaires Ces flocons de neige Pour apaiser la terre Du feu qui lui brûle les lèvres Pourquoi aimez-vous tant les cendres Quand la braise nourrit mon cœur Tendre dans les cours des rivières Pourquoi détruisez-vous mon limon Réduit en poussière Le soleil vous fait-il peur De voir votre propre ombre » (Poème mis en exergue)
En hommage à l’Intifada palestinienne de 2008, Tahar Bekri a écrit Salam Gaza qui est à la fois une réaction poétique devant le massacre du peuple palestinien et une somme d’arguments politiques pour étayer la légitimité de sa cause. Bekri y dénonce, par la même occasion, les manipulations idéologiques qui traitent la résistance palestinienne de mouvement terroriste. Retour sur un texte-événement d’une actualité brûlante, car l’Histoire se répète aujourd’hui, mais en plus tragique. |
Au temps de Focheville
IssamMarzouki : Clair de lune sur Focheville , Editions Nirvana,2023. La parution de Clair de lune sur Fochville , le premier roman de Issam Marzouki, ne semble pas avoir pris de court ni les amis ni les collègues de ce passionné de littérature. Né parmi les livres, d’un père illustre homme de culture et ayant grandi à l’ombre de ses frères aînés, tous familiers du monde des lettres, cet universitaire discret s’est toujours distingué par une certaine sensibilité à fleur de peau et une curiosité littéraire et artistique sans bornes enrichie, depuis quelques années, par une passionnante expérience de la pratique théâtrale.HASSANINE BEN AMMOU ET L’HISTOIRE ENCHANTÉEHassanine Ben Ammou, Bab al-Uluj (roman), traduit de l’arabe par Ahmed Gasmi, Arabesques, 2023. Hassanine Ben Ammou est devenu, par la force de son œuvre en quantité et en qualité, l’écrivain majeur de l’Histoire de la Tunisie. Ayant longuement vécu dans la médina et ayant eu accès à la mémoire du pays grâce à sa fonction aux archives du Premier Ministère, Ben Ammou a combiné sa bonne écoute des mythes et légendes que lui racontaient les vieux beldis avec son travail de fourmi suscité par la documentation à sa disposition. Le résultat est cette œuvre enchanteresse où l’Histoire romancée devient motif de connaissance et du plaisir d’entrer dans un monde merveilleux et dépaysant.La Tunisie du poète, une terre d’émerveillementTahar Bekri, Chant pour la Tunisie , Ed. Al Manar, 2023, avec des peintures d’Annick Le Thoër.
Au moment où le pays gît sous le poids de l’ignominie et de la laideur, de la lâcheté et de la bêtise, Tahar Bekri, l’un des plus constants et des plus féconds de nos poètes[1], éprouve la nécessité de chanter sa terre natale, comme s’il cherchait à consoler ce « mûrier triste dans le printemps arabe »[2], malmené par les caprices de l’Histoire. CONSTANTIN L’IFRIQUIEN OU LA RECONNAISSANCE SPOLIATRICEBéchir Ben Aïssa, Constantin l’Ifriquien (roman), Tunis, Nirvana, novembre 2022.
Constantin l’Africain, un médecin originaire de notre pays, devenu moine et traducteur des plus prestigieux ouvrages de la médecine arabe, est une des figures historiques les plus controversées : médecin ou charlatan, traducteur ou plagiaire, moine de l’Eglise de Carthage ou musulman déguisé en moine pour satisfaire ses ambitions à la fois scientifiques (traités de médecine) et politiques (médecin et ami particulier du Prince de Salerne) ? Béchir Ben Aïssa joue sur toutes ces controverses pour transformer le récit historique en œuvre romanesque. |