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Notes de lecture

L'école est-elle vraiment finie?

Mme Neila Ben Harbi, L’école est finie, parcours d’une enseignante, MC- Editions, 2009, Tunis, 158 pages, ISBN : 978-9973-807-95-3.

   A l’heure où notre école et ses protagonistes, du primaire au supérieur, sombrent dans une profonde dépression, le témoignage de la jeune retraitée, Mme Harbi, intitulé L’école est finie, est paradoxalement un excellent antidote contre le désespoir régnant. Professeur de français au lycée durant les trois dernières décennies, l’auteur relate, sans fioritures, son parcours professionnel qui s’achève en 2004. Elle ne propose pas de solutions à la crise actuelle ni ne s’inscrit dans la polémique qui l’accompagne. Mais ce livre a des vertus thérapeutiques certaines. Eprise du pupitre, du tableau noir et des « mômes », cette femme nous redonne le courage d’y croire. Quelle cure pour des âmes si longtemps blessées !

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La loi du hasard et de la nécessité

La marche de l’incertitude de Yamen Manai, Editions Elzévir, Paris 2008, 142 pages, prix 15,90 euros. ISBN : 978-2-8114-0013-2.

La Marche de l'incertitude

Ce roman semble émerger de nulle part comme s’il avait pour mission de répondre à une question posée par Paul Valéry il y a presque un siècle. Ce dernier formulait son fameux incipit ironique : « La Marquise sortit à cinq heures », en guise de démonstration du caractère arbitraire et aléatoire du genre romanesque. L’absence de rigueur qui affecte le roman s’explique, aux yeux de Valéry, par le fait que contrairement à la poésie ou au théâtre, le roman n’est pas codifié par des règles formelles stables et rigoureuses. Le roman serait un espace largement régi par la loi du hasard, une loi qui pourtant n’a pas manqué d’interpeller philosophes, scientifiques, littéraires, etc. Et c’est précisément cette exigence de rigueur intellectuelle ou rationnelle qui commande de réduire l’écart entre les différentes approches, une exigence que l’auteur de La marche de l’incertitude s’applique à suivre et à en faire la matière même et l’articulation centrale de son roman.

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Au pays des poètes

 

Tahar Bekri, Le livre du souvenir, Elyzad, Clairefontaine, Tunis, 2007, 234 pages,  ISBN10 : 9973-58-006-

                      0 / ISBN13 : 978-9973-58-006-1.

             

            Quand un universitaire se met à vous parler des nombreux  colloques auxquels il a pris part, il s’expose aux soupçons de vanité. L’allergie à la « colloquite » vous gagne aussitôt et vous redoutez le propos de vantard et autres  rebuts des moi hypertrophiés. Rien de tel pourtant dans Le Livre du souvenir, dernier ouvrage du poète et universitaire tunisien, Tahar Bekri. Il y relate, entre autres, sa participation aux manifestations  culturelles internationales, mais il le fait dans un état d’esprit tout autre. A la lecture, les appréhensions se dissipent  et on regrette  d’y avoir cédé trop vite. C’est que Tahar Bekri doit ses carnets à ses voyages. Il doit ses voyages aux colloques académiques et aux rencontres poétiques, organisés ça et là à travers le monde. Souvent invité « pour une lecture de poésie », il ne cherche à impressionner personne, ni d’ailleurs à s’acquitter d’une quelconque  dette vis-à-vis des institutions  qui l’ont accueilli. Ces organismes, quand ils sont mentionnés dans Le Livre du souvenir, font tout naturellement  partie d’un réseau  de médiation culturelle, dont il se sert, tout comme ses confrères poètes et  collègues universitaires. 

 

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La fiction miroir de la réalité

 

Le signe de Tanit de   Abdelaziz Belkhodja

          Editions Apollonia, Tunis, 2008, 206 pages, Prix 10 Dinars

 

Face à l’académisme austère du roman tunisien, dans ses deux versants arabe et français,  Abdelaziz Belkhoja ne recule pas devant la tentation de brandir une écriture ludique, amusante, populaire, celle du roman de gare, ou encore celle du roman de vacances. Depuis « Les Cendres de Carthage » (1993), jusqu’au «  Signe de Tanit » (2008), en passant par « Les Etoiles de la Colère » (1999) ou « Le retour de l’Eléphant » (2003), A. Belkhoja s’applique à revisiter des genres aussi divers que le roman d’espionnage, le récit futuriste ou encore le roman d’aventures à toile de fond historique ou réaliste.

 

Dans ce parcours générique, il y a tout de même une constante : celle de la Tunisie d’aujourd’hui et d’hier ; et aussi celle désirée et imaginée, de demain, au point que le pays apparaît à travers des strates différentes, tantôt comme un pays enveloppé dans une aura de grandeur joyeuse, tantôt ébranlé de frémissements douloureux. Si bien que la Tunisie s’impose, à chaque nouveau roman, comme l’actant principal de la trame romanesque, puisqu’elle est tout à la fois le cadre de l’action et l’objet d’une investigation laborieuse. Dans cette perspective,la Tunisie d’aujourd’hui n’est pas coupée des couches souterraines de la Tunisie antique, notamment punique ou romaine. Le fil qui les distingue s’estompe et se rompt, avant de laisser apparaître le substrat de base de l’identité de l’Ifriqiya.  Cela signifie que le travail du romancier s’apparente à la démarche de l’archéologue : creuser, fouiller, décrypter tant d’éléments, avant de les exhumer à la lumière du jour. Dans ce cas, la présence récurrente de l’histoire antique de Carthage constitue le noyau central de l’œuvre, d’autant qu’elle nourrit, nous semble-t-il, l’imaginaire de l’auteur et structure son écriture. Cependant, en s’érigeant en leitmotiv, ou plus précisément en une image obsédante, Carthage finit par afficher, notamment dans Le signe de Tanit sa véritable fonction : le passé est évoqué ou invoqué pour mieux interpeller le présent, en vue de le maîtriser, et pourquoi pas le transformer ?

 

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Une radioscopie du soufisme au féminin


Nelly Amri : La Sainte de Tunis, Présentation et traduction de l’hagiographie e Aisha al-Mannûbiyya. Editions Actes Sud, Collection Sindbad, France 2008. 


Si Aisha al-Mannûbiyya suscite un intérêt particulier aussi bien chez les chercheurs que chez le grand public, c’est pour deux raisons au moins. D’abord, parce qu’elle incarne le modèle féminin du soufisme ou du maraboutisme au Maghreb. Ensuite, parce qu’elle résume, à travers son itinéraire ainsi que son hagiographie, tous les constituants du culte des saints en Islam. Ce qui représente une piste féconde en vue d’explorer les fondements de l’imaginaire local, les interstices de son univers spirituel, ainsi que de larges pans de la réalité historique de l’Ifriqiya à l’époque médiévale. C’est dans cette perspective que Nelly Amri a inscrit son ouvrage consacré à Aisha al-Mannûbiyya et qui s’articule essentiellement autour du projet de présenter et de commenter le recueil d’une hagiographie de la sainte, élaboré au XIV ème siècle par un auteur dont on connaît peu de choses, sinon qu’il est Imam à la mosquée de la Manouba et bien au fait des sciences exotériques et ésotériques, jurisprudence et soufisme.
Née probablement à la Manouba en l’an 593/1198-1199, à une époque trouble marquée par les famines, les disettes, les épidémies ainsi que les luttes pour le pouvoir entre les Almohades et Almoravides, Aisha al-Mannûbiyya avait à peine vingt ans quand les Hafsides devinrent les maîtres de l’Ifriqiya. Elle mourra probablement à l’âge de 7o ans, durant une période de paix et de prospérité sous le règne du Calife hafside Al-Mustansir.

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